Les représentations mentales jouent un rôle fondamental dans les comportements des conducteurs, influençant leurs décisions, leurs réactions face à des situations de conduite, ainsi que leur manière d'interagir avec les autres usagers de la route. Ces représentations sont façonnées par plusieurs facteurs : l'expérience personnelle, les stéréotypes sociaux, les normes culturelles, et les perceptions de sécurité et de risque. Voici comment elles influencent le comportement des conducteurs :
1. Représentations de la sécurité routière
Les conducteurs ont des représentations particulières de la sécurité routière, qui peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre. Par exemple, certains conducteurs peuvent percevoir leur voiture comme un espace sûr, ce qui les pousse à adopter des comportements risqués, tels que l'excès de vitesse, en pensant qu'ils sont à l'abri des dangers. D'autres, au contraire, peuvent être très prudents, en raison d'une représentation de la route comme un lieu dangereux, ce qui les conduit à adopter une conduite très défensive.
Exemple : Un conducteur ayant une représentation positive de sa capacité à contrôler son véhicule peut être plus enclin à prendre des risques, comme doubler sur une ligne continue ou conduire en état de fatigue.
Impact : Les conducteurs avec une faible perception des risques peuvent adopter des comportements imprudents, tandis que ceux avec une représentation plus conservatrice peuvent être plus enclins à respecter les règles de sécurité, mais aussi à sur-réagir à certains dangers (par exemple, ralentir de manière excessive pour des situations peu risquées).
2. Représentations des autres conducteurs
Les stéréotypes et les jugements que nous avons des autres conducteurs peuvent fortement influencer nos interactions sur la route. Par exemple, si un conducteur perçoit les autres comme imprudents ou indisciplinés, cela peut affecter sa manière de réagir face à eux. Un conducteur peut se montrer plus agressif ou au contraire, plus défensif, en fonction de ses représentations des autres usagers de la route.
Exemple : Si un conducteur a une représentation négative des conducteurs jeunes, il peut être plus nerveux et réagir de manière plus défensive lorsque des jeunes conducteurs sont à proximité.
Impact : Ces représentations peuvent conduire à des comportements tels que l’agressivité (ex : klaxonner, accélérer pour dépasser un autre conducteur), des comportements de "dominance" sur la route, ou au contraire, à de l’évitement et à un excès de prudence.
3. Représentations des règles de circulation
Les perceptions des règles de la route, qu'elles soient perçues comme strictes ou flexibles, influencent également les comportements de conduite. Si un conducteur a une représentation de la route comme étant un espace où les règles sont souvent "souples" ou "facultatives", cela peut mener à des comportements comme ne pas respecter les limitations de vitesse, doubler illégalement, ou ignorer des panneaux de signalisation.
Exemple : Un conducteur ayant une vision "flexible" des règles (peut-être influencé par son environnement social ou culturel) peut être plus enclin à ignorer les panneaux de stop ou à rouler sans ceinture de sécurité.
Impact : Les comportements déviants augmentent le risque d'accidents et sont souvent le résultat de représentations minimisant l'importance des règles ou des conséquences des infractions.
4. Représentations du risque
La manière dont un conducteur perçoit le risque joue un rôle crucial dans ses choix de conduite. Un conducteur qui a une représentation du risque élevée (ex : "La route est pleine de dangers") sera généralement plus prudent, tandis qu'un conducteur qui sous-estime le risque peut être plus enclin à prendre des risques.
Exemple : Les conducteurs qui ont une faible représentation des dangers peuvent adopter des comportements comme le téléphone au volant, l'excès de vitesse ou la conduite sous l'emprise de l'alcool, croyant à tort qu'ils maîtrisent la situation.
Impact : La perception du risque influence directement des décisions critiques, comme choisir de ne pas respecter la distance de sécurité ou d'ignorer les panneaux de signalisation. Une mauvaise représentation du risque peut entraîner un comportement plus risqué et donc un plus grand nombre d'accidents.
5. Représentations du temps et des urgences
La perception du temps et de l'urgence influence la manière dont les conducteurs gèrent la pression et la vitesse. Par exemple, un conducteur qui se sent pressé ou en retard peut percevoir la situation comme étant plus urgente, ce qui peut entraîner des comportements impulsifs, comme des dépassements risqués, des changements de voie rapides ou le non-respect des feux rouges.
Exemple : Un conducteur qui a une représentation de l'urgence ("Je suis déjà en retard, il faut que je sois plus rapide") peut prendre des risques pour "récupérer" le temps perdu.
Impact : Cette représentation peut rendre les conducteurs plus impulsifs et moins enclins à prendre des décisions réfléchies, augmentant ainsi le risque d'accidents.
6. Effet de groupe et conduite collective
Les représentations collectives de la conduite en groupe, comme celles rencontrées lors de la conduite en embouteillage ou sur des trajets communs (par exemple, lors de déplacements en caravane), influencent également le comportement. Si les conducteurs considèrent qu'ils "font partie d'un groupe" ou qu'ils "doivent suivre les autres", cela peut les amener à prendre des décisions basées sur l'action des autres plutôt que sur leur propre évaluation des risques.
Exemple : Dans un embouteillage, si un conducteur voit que d'autres conducteurs accélèrent à un moment donné, il peut être tenté de les suivre, même si ce n'est pas sécuritaire.
Impact : Cela peut mener à des comportements en chaîne, où chaque conducteur imite les actions des autres sans évaluation personnelle du risque.
Conclusion
Les représentations mentales des conducteurs sont des éléments clés qui façonnent leur comportement sur la route. Elles influencent non seulement la perception de la sécurité, mais aussi les interactions avec les autres usagers, la gestion du risque, la prise de décision et le respect des règles. Comprendre ces représentations permet de mieux cibler les stratégies de prévention des comportements à risque, comme l'éducation routière ou les campagnes de sensibilisation, afin de réduire les accidents de la route et d'améliorer la sécurité pour tous.
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